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    «Faire la paix avec les Tchétchènes, ils ne seraient pas contre non plus. Une très longue paix… Les Tchétchènes sont des gens comme les autres. Les soldats pourraient aller à la pêche. Il paraît qu’il y a beaucoup de poisson dans les rivières de montagne, du bon poisson, pas bien gros, il est vrai.
    Malgré tout, l’opinion générale penche du côté de la guerre.
    »


    Alexandre Jiline est commandant de l’armée russe en Tchétchénie, chargé de l’approvisionnement des troupes en essence. Un poste stratégique, qui lui permet de se livrer à un trafic de barils avec l’ennemi tchétchène. Mais Jiline a aussi bon cœur, et les villageois l’apprécient pour cela. En signe de respect, ils transforment alors son prénom en Assan : dans le folklore tchétchène, Assan est une idole de la période préislamique du Caucase qui incarne la vengeance. Mais son histoire personnelle prend un tournant décisif quand il décide de prendre sous son aile deux jeunes soldats devenus inaptes au service en les planquant dans un de ses dépôts de carburants...
    Assan évoque avec brio la sale guerre de la Russie en Tchétchénie, mais ce cadre contemporain, très précis, contient aussi un roman universel qui dépeint avec force les contradictions de tout être humain dans des situations extrêmes.




  • Les treize récits rassemblés dans La couleur de la guerre nous livrent une vision sans fard de la guerre en Tchétchénie. Les atrocités commises entre ennemis, mais surtout le délabrement absolu de l’armée russe sont au centre de l’écriture d’Arkadi Babtchenko. Avec force et sobriété, il évoque les violences entre «camarades», l’alcoolisme, la faim, la saleté, et surtout, la corruption. Car tout le monde vend tout ce qui vendable – y compris des armes et des munitions – à l’ennemi tchétchène, contre de la nourriture ou de l’alcool. L’armée russe rassemble des épaves humaines pataugeant dans la boue, couverts d’excréments et de poux, sans solidarité entre des individus qui ne savent plus pourquoi ils se battent. Les récits du jeune soldat Artiome, alter ego de l’auteur, sont à cet égard d’une noirceur absolue et soulignent en même temps l’étrange fascination qu'exerce sur les hommes cette descente aux enfers.
    Grâce à son talent littéraire, Arkadi Babtchenko nous offre bien plus qu’un témoignage : La couleur de la guerre est un tableau saisissant du désespoir et de la déshumanisation, un livre indispensable sur la condition humaine.




  • Second adieu de Sylvie Richter

    Rome, fin des années 70 : après avoir quitté Prague, où son père a disparu dans les prisons du régime communiste, Marie tente de refaire sa vie dans une communauté. Elle partage un grand appartement avec Thomas, écologiste avant l'heure, poète et homosexuel, et Anne, qui ne sait pas qui est le père de son enfant et qui finira par partir dans une secte au Brésil, et son lit avec Mels (qui s'est inventé ce prénom en honneur de Marx, Engels, Lénine et Staline), révolutionnaire exalté qui rêve d'envoyer tout le monde en camp de rééducation, y compris la mère de Marie.
    Marie entretient aussi une correspondance amoureuse avec Paul, un ami de son père resté à Prague, qui, sous prétexte de lui adresser ses publications scientifiques, essaie d'écrire son autobiographie.
    Plus tard, Jean, autre Tchèque en exil et compagnon de Marie, tâchera de raconter la vie de la femme qu'il aime : «J'ai ici quelques biographies de Marie, la biographie de notre fils et la mienne propre, plus un nombre certain, à savoir changeant, d'alter ego. Rien que des histoires intéressantes.»
    Sous forme d'un récit éclaté où plusieurs narrateurs prennent tour à tour la parole, Second adieu est un roman sur une génération désemparée, sur la désillusion des utopies et sur l'exil. Mais Sylvie Richter sonde surtout très profondément la tragédie de l'enfermement et décrit avec force la privation de liberté en Europe centrale avant la chute du Mur.





  • Un lamentable Dieu de Jiří Kratochvil «Depuis longtemps, le hic n'était plus que quelqu'un empêchât notre mariage comme cela pouvait être le cas cinq ans auparavant. Aujourd'hui, en ce printemps 1991, alors que Lucie dépassait bravement la quarantaine, ils auraient consenti à la marier à un cheval de brasserie, pour peu qu'il promît de ne pas répandre de crottin sur leur parquet. Le hic, donc, c'était que moi, je n'arrivais pas à me décider. Mais maintenant, après la chute du communisme, en des circonstances et conditions bien changées et alors que les cartes étaient tout autrement distribuées, j'avais le sentiment que la famille n'avait plus sur moi aucun pouvoir et que ce qui s'était passé il y a trente-cinq ans, ce qui s'était passé dans mon enfance (mais aussi celle de Lucie), était mort depuis longtemps, et que je pouvais désormais me rapprocher de la famille. Mais, bien sûr, je me trompais. Le passé restait toujours vivant et la famille s'était juste adaptée très habilement à ces circonstances et





  • Une soirée chez l'mpératrice d'Isaac Babel

    Un recueil de 10 nouvelles mettant en scène des personnages réels et des situations vécues, de la Russie des années 1916-1917 à l'URSS de la fin des années 1930. Dans«Une soirée chez l'impératrice», le héros se régale d'un repas composé d'un pain et de quelques oeufs de poisson,«Argamak»évoque le bizutage d'un bleu au sein d'une compagnie de combattants chevronnés de l'Armée rouge, etc


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  • La logeuse

    Première partie

    Vassili Mikhaïlovitch Ordynov est un jeune homme pauvre de Saint-Pétersbourg. Sa logeuse quittant la ville, il doit se mettre en quête d'un nouveau « coin] ». Il sort en ville, ce qui n'est pas dans ses habitudes. En effet, depuis la fin de ses études, trois ans plus tôt, il vit reclus, ne côtoyant personne, consacrant son temps à la lecture, vivant d’un petit pécule, derniers restes de la fortune familiale. Il avait calculé qu’en ne dépensant que le strict minimum et en ne mangeant pas toujours à sa faim, il pouvait tenir quatre ans au maximum.

    Sa recherche d’un nouveau logement l’emmène dans les faubourgs de Saint-Pétersbourg. Il entre dans une église et est le témoin d’une scène, peut être un mariage, entre une jeune fille et un homme d’âge mur. Il suit le couple jusqu'à un petit immeuble. Le lendemain, il retourne dans l’église et se place à côté de la jeune fille lors de la messe. Le surlendemain, il frappe à la porte du couple, qui l’accepte comme sous-locataire. Il emménage immédiatement ses maigres effets personnels. Ordynov a à peine le temps de sympathiser avec Catherine qu’il est victime de fièvre et de délires. Il rentre de force dans la chambre de Catherine et Mourine, ce dernier lui tire dessus et le rate.

    Ordynov sort le lendemain et rencontre le commissaire de police Yaroslav Ilyitch sur qui Ordynov avait eu une année auparavant une grande influence en particulier sur ses lectures. Visiblement content de le retrouver, Yaroslav lui fait des confidences sur Mourine, sur son passé d’armateur, propriétaire d’une fabrique : celui-ci a tout perdu dans une suite de malheur ; il fait une tentative de meurtre sur un marchand et toujours selon Yaroslav, Mourine aurait une grande influence sur les gens : il aurait le don de prédiction. Yaroslav en profite également pour savoir ce qu’Ordynov pense de son hôte. Le soir de retour, Catherine rejoint Ordynov sur sa couche.

    Deuxième partie

    Catherine et Ordynov passent la nuit côte-à-côte. On ne le sait pas vraiment ce qu'ils ont fait. Elle le considère comme son petit frère, lui, boit ses paroles en amoureux transi mais ne peut que constater que Catherine ne sera jamais à lui : elle ne peut pas l’aimer, car elle appartient à Mourine.

    Elle donne l’impression de vouloir se laver de ses péchés au contact d’Ordynov, qui est pur. Elle lui raconte la période où sa vie a basculé. Elle devait être à peine adolescente, chez elle avec sa mère malade. Lors d'un ouragan terrible, son père est allé attacher les barges le long du fleuve, le marchand Mourine vient voir sa mère qu’il a l’air de connaître et la remarque, elle, pour la première fois. Il lui offre des perles. Quelques jours plus tard, son père meurt dans un accident et elle fuit avec Mourine, qu'elle veut quitter pour Aliocha, un jeune homme qu’elle a rencontré, mais, sur la barque où elle est installée ainsi qu'Aliocha et Mourine un soir de mauvais temps, on comprend qu’elle a demande à Mourine de sacrifier Aliocha pour sauver leur deux vies.

    La suite du récit est interrompue par Mourine, il invite à souper Ordynov et ne tarde pas à se moquer de lui, car, malgré son grand âge, c’est avec lui que Catherine restera.

    Le lendemain Mourine a repris les choses en main, il a invité Yaroslav et ordonne à Ordynov de quitter son logement, il lui explique que Catherine est à moitié folle.

    Épilogue

    Trois mois ont passé depuis le départ d’Ordynov ; il était tombé malade, avait guéri, et est toujours amoureux de Catherine. Un soir, il rencontre Yaroslav qui lui apprend que Mourine et Catherine sont partis.

     


  • Le docteur Jivago

    Né dans une riche famille de Moscou, orphelin de bonne heure, Iouri Andréiévitch Jivago étudie la médecine et se marie avec Antonia, une amie d'enfance. Lara est une "petite fille d'un autre milieu", qui s'arrache à l'emprise du séduisant protecteur de sa mère pour se refaire une vie droite. Parallèlement se prépare l'explosion révolutionnaire qui, avec la guerre, va orienter leur existence. Iouri et Lara s'étaient déjà croisés sans se connaître. Ils se rencontrent dans un hôpital et Iouri s'éprend de Lara. Réunis en 1917 par les hasards de la guerre civile, ils vivent un interlude de bonheur dont la fin brusquée brisera le docteur Jivago.




  • Mes premiers honoraires

    Après l'arrestation de Babel en 1939, un interdit absolu a pesé sur l'homme et sur son oeuvre. Son nom fut banni des manuels et des encyclopédies, ses écrits devinrent introuvables. De là vient que les dix-sept récits recueillis dans le présent volume s'étendent sur toute la vie littéraire de Babel. Comme tous ses écrits déjà connus, ils sont nourris d'expériences vécues et mettent en scène des personnages réels. Rien ici d'inventé, dirait-on, rien d'imaginaire ; et cependant, il y a là, à travers la diversité des thèmes, la présence incomparable de Babel affirmée partout, composé unique de précision, de densité, d'émotion et d'humour.




  • Ce fou de Platonov

    Anna Petrovna, jeune veuve, invite chaque été un groupe d'amis chez elle en villégiature dans sa maison de campagne.

    Parmi eux, Platonov est un garçon qui paraît être joyeux, qui aime la vie; mais en réalité, il est tout le contraire, manipulateur et cynique: Il aime que ses amis s'intéressent à lui, il aime multiplier les aventures, bien qu'il ait une femme, Sacha, qu'il considère un peu comme sa fille. Dans cette pièce, on a le portrait d'un personnage ambigu qui sombre vers le désespoir...

    Ivanov

    Ivanov, en russe, c’est un nom qui se rapproche de Dupont ou Durand - un monsieur tout le monde. Propriétaire terrien dans un district de la Russie centrale, intelligent, gentil, amoureux, Ivanov est envahi depuis peu par une certaine mélancolie. Sa femme très malade, sa propriété qui part à vau-l’eau, sa gestion de l’argent, tout est remis en question. Tchekhov disait : Il y en a des milliers, des Ivanov... l’homme le plus normal du monde, pas du tout un héros. C’est le drame de cet anti-héros confronté au temps dilaté par l’ennui, à l’impuissance, l’immobilisme, l’inaction et la paresse, un homme lâche enlisé dans l’existence. C’est aussi une satire aiguë et très drôle d’une société de petits-bourgeois en décrépitude, bête, méchante, hypocrite, antisémite et avide de ragots pour nourrir sa vacuité. L’histoire de ce plongeon tragique d’un homme rongé par le dégoût de tout ce qui l’entoure a été la première pièce montée du vivant de Tchekhov.

    Les trois soeurs

    Les membres de la famille Prozorov, composée de trois sœurs, Macha, Olga et Irina et de leur frère Andreï, partagent une demeure provinciale, dans la campagne profonde de Russie. Andreï est lui-même marié à Natacha. La pièce débute par la fête d'Irina, un an après la mort de leur père, marquant la fin du deuil et le début, croit-on, d'une nouvelle vie. La petite ville de province, près de laquelle se trouve la demeure, accueille un régiment qui vient d'arriver. La vie des Prozorov s'avère dominée par l'ennui et n'est rythmée que par les visites d'officiers venus de la garnison voisine, et devenus peu à peu comme des membres de cette famille atteinte du mal de vivre. Un rêve habite cependant les trois sœurs : retourner à Moscou, la ville de leur enfance heureuse. Pas de héros, peu d'action ; cette pièce va à l'encontre du schéma classique en mettant en scène des personnages extrêmement humains qui voient leur vie peu à peu s'étioler, avec le désespoir de n'avoir rien construit, rien entrepris.

    Entre conversations absurdes et grands débats philosophiques, entre mariages ratés et désespoirs amoureux, Tchekhov aborde dans Les Trois Sœurs les thèmes du temps qui passe et détruit les rêves, de l'importance du travail et de l'autonomie, de l'ennui et de l'amour.

    La mouette

    La mouette est le symbole de l'histoire de Nina, aimée par Konstantin qui lui a écrit une pièce. Persuadée de sa vocation d'actrice, elle s'enfuit avec Trigorine, un écrivain reconnu, amant de la mère de Konstantin. Mais elle ne rencontrera pas la réussite, reniée par sa famille et délaissée par son amant. Lorsque, à l'acte II, Trigorine voit une mouette que Konstantin a abattue, il imagine comment il pourrait en faire le sujet d'une nouvelle : « Une jeune fille passe toute sa vie sur le rivage d'un lac. Elle aime le lac, comme une mouette, et elle est heureuse et libre, comme une mouette. Mais un homme arrive par hasard et, quand il la voit, par désœuvrement la fait périr. Comme cette mouette ». La mouette devient le symbole de l'existence de Nina, heureuse près de son plan d'eau mais détruite par le chasseur Trigorine.

    La pièce est aussi la double histoire de Konstantin, qui d'une part affronte sa mère en cherchant en vain à lui faire reconnaître sa valeur et d'autre part, depuis la trahison de Nina, se noie dans l'espoir de retrouver un jour sa bien-aimée. Lorsque celle-ci lui rend visite une dernière fois, deux ans après son départ, elle laisse à Konstantin la certitude que sa vie est maudite.

    Derrière cette dramatique comédie de mœurs, l'auteur aborde le problème du statut des artistes et de l'art. La mère de Konstantin est une actrice connue et imbue d'elle-même. Son amant, Trigorine, est un écrivain à la mode, peut-être un peu plus critique par rapport à sa propre valeur, sans que cela ne l'empêche d'exposer avec suffisance sa méthode de travail. À l'opposé, on trouve Nina qui aspire à devenir actrice, et Konstantin qui s'essaye à l'écriture. L'accueil par des sarcasmes de l'œuvre écrite pour Nina montre tout le mépris que l'actrice éprouve envers l'art de son fils qui se sentira rejeté, comme Nina sera rejetée par Trigorine.

    On trouve dans cette pièce les tourments de personnages qui se cherchent, qui cherchent l'amour, mais le laissent fuir ou passent à côté sans le voir, et qui souffrent de leur passion ou de leurs ambitions. C'est dans le dénouement tragique que les personnages sont confrontés à leur image.

    Dans son texte original, Tchekhov a multiplié les didascalies, ce qui montre sa préoccupation pour des détails précis de mise en scène.





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